La grève des enseignants offre le prétexte de la présente analyse qui questionne le déséquilibre criard observé dans les recrutements.
Les enseignants sont sans contexte la plus grande force numérique des agents publics du Cameroun. En effet, les secteurs de l’éducation (45,8%), de la défense et de la sécurité (25,8%) représentent à eux seuls 71,6% de l’effectif total de la fonction publique soit 2 secteurs sur 11. Par ailleurs, il apparaît que les recrutements concernent plus les cadres que les agents, ce qui induit une pyramide de grades inversés peu propice à l’efficacité de l’administration publique. De même, il n’échappe à personne que les secteurs privilégiés dans le recrutement ne sont pas arrimés aux priorités de la SND30 qui affichent la transformation structurelle comme pilier central.
La transformation structurelle au cœur de cette stratégie semble convoquer des priorités infrastructurelles bien loin (2% de l’effectif global de la fonction publique) des compétences reflétées par les recrutements massifs actuels. Cette réalité est l’évidence d’une rupture entre les ambitions de développement du Cameroun et la stratégie des ressources humaines devant accompagner la mise en œuvre de la SND30. On en conclut que le Cameroun ne se donne pas les compétences humaines requises pour la mise en œuvre de ses réformes.
Cette réalité intervient dans un environnement éducatif marqué par la massification des diplômes incitant à un relèvement du niveau académique du recrutement dans la fonction publique.
Fort de ce qui précède, la présente réflexion suggère de rationaliser les recrutements avec plus d’agents et moins de cadres, plus de recrutements dans les secteurs prioritaires de la SND30 et le relèvement du niveau académique dans les différents grades.
Tant que le gouvernement n’absorbe pas chaque année et en plus grand nombre les jeunes dans les entreprises, il est impossible d’avoir plus d’agents que de cadres. Pourquoi ? Un jeune qui finit le secondaire et trouve pas aussitôt le travail fait comment ? Il est donc obligé de faire l’informel tout en continuant le supérieur. Et donc le jour où il trouvera le travail, ça sera comme cadre. Rien à redire. Aujourd’hui, le Cameroun regorge plus de diplômés supérieur. La SND30 va tout droit dans l’abîme
Le relèvement de niveau académique dans les différents grades n’est pas forcément la solution professeure. Le problème crucial c’est de repenser le système éducatif avec encrage sur la formation professionnelle et si nécessaire fermer même certaines écoles dont la contribution au développement n’affiche pas un résultat satisfaisant.