Les réformes structurelles dans l’administration publique camerounaise : incohérence et manque de rigueur.

Il n’échappe à personne que les réformes structurelles sont indispensables dans notre ambition d’émergence mais peu d’actions de rupture par rapport aux lenteurs bureaucratiques ne sont envisagées pour garantir leur succès. Je m’intéresse ici spécialement aux réformes envisagées dans l’administration publique Camerounaise.

En effet, près de 12 réformes ont été engagées depuis 2000 pour la modernisation de l’administration publique (au MINFOPRA) et aucune ne semble avoir atteint les résultats anticipés. Dans le même temps, plusieurs réformes connexes sont engagées au MINFI (réforme des finances publiques), au ministère des marchés publics (qui est à sa deuxième génération de réforme), au ministère des affaires foncières (la réforme des affaires foncières) et la réforme pour faciliter l’investissement privé (initié par l’agence des investissements, le ministère des petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat). Toutes ces réformes, menées conjointement visent à garantir la capacité de l’Etat à jouer son rôle de régulateur à travers un service public de qualité. Il est malheureusement triste de constater que depuis plus de 10 ans les efforts consentis et les ressources financières utilisées n’ont pas permis d’impacter significativement. Que nous manque-t-il ?

Ma réponse est simple : il nous manque la cohérence et la rigueur dans la conception et la mise en œuvre des réformes.

En ce qui concerne le manque de cohérence, l’on observe peu de collaboration entre les acteurs concernés par les différentes réformes. Leur coordination est fragile au point d’en faire des réformes à plusieurs vitesses ne permettant pas d’impulser les changements attendus. L’on constate que les réformes sur les finances publiques (juridiques et opérationnelles) connaissent un développement plus rapide que celles de la réforme de la fonction publique (réformes en gestion des ressources humaines, réformes organiques et réformes des structures) et celle des marchés publics. Les rythmes peu coordonnés de ces réformes sont source d’échec. L’absence d’un schéma directeur des principales réformes sous la coordination d’une autorité unique est un grand handicap. La mise en œuvre des réformes par chaque département ministériel de façon cloisonnée est source d’inefficience.

En ce qui concerne la rigueur, il s’agit du respect des échéances. En réalité, l’adage communément utilisé par certains qui indiquent que : « mieux vaut tard que jamais » est faux. Tard c’est déjà un gâchis. Un résultat réalisé après le délai échu n’est pas un résultat.

La principale recommandation qui découle de ce constat est d’assurer une bonne coordination des réformes qui concourent à la réalisation d’un même résultat. Les réformes doivent donc être regroupées par effet anticipé. La cohérence des réformes est un impératif ! Ces principales réformes doivent être portées par le Gouvernement au plus haut sommet (Premier Ministre) et constituer la priorité des priorités. Il s’agit en fait pour le Premier Ministre de continuer son travail de coordination par pôle de réformes engageant différents départements ministériels à la fois. Peu de changements structurels sont produits par un seul ministère.

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