BE PRESENT : ET SI ON ANTICIPAIT SUR LES CONSÉQUENCES DU CORONAVIRUS ?

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Trop tard ou trop tôt, peu importe, il faut renoncer à nos outils de gouvernance actuels!

Pour certains, il est déjà trop tard, pour d’autres il faut simplement se préparer au pire. Dans un cas comme dans l’autre, il est urgent d’agir. Mais que faire? Dans quels domaines? Pour résoudre quels problèmes?

Hier, j’ai suivi à la CRTV, le ministre de la Santé supplier les Camerounais à observer les règles élémentaires de gestes barrière pour éviter le coronavirus. À Équinoxe un professeur de médecine, incitait plus au confinement et un jour avant un autre professeur exigeant que Douala, Yaoundé et Douala soient coupés des autres régions du Cameroun pour essayer de contenir la contagion. Il s’agit là des décisions dans le domaine sanitaire. Au plan économique, l’heure est encore à l’expectative, les réflexions sont certainement en cours, mais une évidence semble s’imposer à tous : la baisse de l’activité annoncée en Chine, en Europe et aux USA ne laissera pas l’Afrique indifférente. Le Cameroun connaîtra donc aussi inévitablement un recul de la croissance. Selon certainesprojections, elle pourrait aller jusqu’à une récession.

Changement de priorité : un impératif!

Il y a encore quelques mois, les politiciens de tous bords semblaient nous convaincre que la priorité était l’alternance politique au sommet de l’État. Certains en étaient convaincus et essayaient d’en persuader d’autres. Si cette idée n’est pas si impertinente qu’on ne devrait l’imaginer, elle ne semble plus être la priorité aujourd’hui.

D’autres personnes se demandent s’ils survivront à la pandémie (la crise sanitaire devient donc la priorité), d’autres encore envisage l’après pandémie avec son arsenal de gaffes économiques (priorité à l’économie), certaines, plus optimistes, y voient une opportunité au début de la résolution du conflit au NOSO (priorité à la crise socio politique). Quoi qu’il en soit, tout laisse croire qu’il est difficile, voire utopique, de se prononcer sur une quelconque priorité tant l’avenir est incertain, et pourtant c’est ce qu’il faut faire. Il faut bien entrevoir le cap pour mobiliser les énergies vers des directions convergentes.

Ma lecture de la situation, bien qu’alarmiste dépend de notre capacité à accepter de modifier fondamentalement nos façons d’agir. Il s’agit d’un virage à 360 degrés qui frôle l’irrationnel. En réalité, il faut réinventer le logiciel de fonctionnement administratif. Le budget voté en décembre n’est plus opérationnel. Les priorités qui y sont contenues doivent être revues. C’est dur de le dire et de le faire, mais il faut bien le faire.

Revoir l’exécution du budget : plan d’urgence sanitaire, la première priorité

Tout suspendre! En deux mots c’est ce qu’il me semble indispensable à faire. Un plan d’urgence sanitaire semble indispensable et les ajustements conséquents dans les autres programmes doivent s’opérer. Il est difficile d’envisager une planification d’une grande envergure, il conviendra de fonctionner par à-coups de six mois chacun. Des dispositions légales existent certainement en la matière.

La nécessaire «véritable» réduction du train de vie de l’État  

À plusieurs reprises nous avons suggéré la diminution du nombre de ministères pour des soucis d’économie, aujourd’hui, est-ce vraiment nécessaire d’avoir plus de 60 postes avec rang de ministre? À quoi nous servent deux chambres parlementaires (Sénat et Assemblée nationale)? À quoi nous servent des entités publiques en contreperformance chronique depuis plus de 10 ans? À quoi servent les Conseils d’administration de ces entreprises? Pourquoi ne pas prononcer la liquidation des entités publiques qui n’existent que de nom (FOGAPE, entreprise de transformation de manioc d’Ebolowa)? Que faisons-nous des multiplescommissions et comités improductifs et budgétivores? Quel plaisir avons-nous à entretenir la corruption et les violations des règles sous le simple prétexte de la protection des rentes? Maintenant que le CHAN est renvoyé peut être même annulé, la CAN pourrait connaître le même sort, comment devons-nous nous ajuster? A défaut de créer de la richesse, faisons au moins des économies. La rhétorique seule ne suffit plus, les «hautes instructions du Chef de l’Etat» sont épuisées, les affectations disciplinaires ne suffiront pas pour taire les mécontents, les petits arrangements institutionnels sont désormais improductifs, nos indulgences ethniques et communautaires ne protègent pas la République. Il nous faut tout réinventer!

Les pratiques de gouvernance à ignorer

Il convient d’abandonner des logiques de rentes : il ny a plus de gâteau national, il n’y a plus de «djangui» possible faute d’objet de «djangui». Il faut reconstituer le grenier et pour cela, il faut repenser notre mode de gouvernance, c’est le prix à payer pour assurer notre survie et celle des générations futures.

Le premier outil à mettre à la poubelle est l’équilibre régional : franchement, il nous servira à quoi dans les 12 prochains mois? Il faut fermer toutes les administrations dont l’impact socioéconomique est quasi nul. Il est temps que le politique se soumette à la santé et à l’économie. Les récompenses dites politiques ne sont viables que dans un environnement stable et prospère. Elles sont nocives dans des contextes de crises pendant lesquelles l’impératif est de produire et de «rester au moins debout». Il ne s’agit pas d’une supplication, mais d’un impératif de survie et d’une action de «bonté» à l’endroit des générations actuelles et futures.

Un engagement de survie

La crise qui suivra la pandémie actuelle sera sévère, car elle nous trouvera déjà fragilisés par les doubles chocs pétrolier et sécuritaire déclenchés en 2014 (les nouvelles cette année sont inquiétantes, car, les prix du pétrole sont largement inférieurs aux hypothèses retenues lors de la préparation du budget et hypothèquent notre capacité à exécuter le budget voté, en plus des urgences sanitaires et du ralentissement évident de l’économie).

Il faut craindre une logique darwinienne à tous les niveaux de la société! N’oublions pas sa leçon : seuls ceux qui survivent et se reproduisent ont des descendants! D’accord ou pas avec lui, la sélection naturelle fera sans doute son effet. Je suis sûre que certains se posent la question de savoir qui va le faire. Je n’en sais rien ; ce dont je suis sûre c’est que ça va se faire!Souvenons-nous des quatre principes de Darwin : les espèces manifestent en tout temps leur capacité à varier; toute espèce se laisse sélectionner; il y a une logique de prédation du plus fort dans le souci de disposer des ressources pour sa survie; la croissance, le développement et la survie d’une espèce dépendent d’optima physiques et chimiques. On pourrait ajouter aujourd’hui les optima intellectuels, cybernétiques, entre autres.

La pandémie ne résoudra pas tous les problèmes qu’on n’a pas pu résoudre en contexte plus stable, elle est au moins le prétexte, s’il en était encore besoin, de nous rendre compte qu’aucune autre perspective n’est envisageable!

2 réponses à “BE PRESENT : ET SI ON ANTICIPAIT SUR LES CONSÉQUENCES DU CORONAVIRUS ?”

  1. Les crises offrent généralement l’opportunité aux cerveaux les plus brillants de s’exprimer. C’est le cas avec cette brillante publication.
    Ce ne sont pas les compétences qui font défaut à notre Pays, malheureusement nous avons fait le choix de prioriser le népotisme en lieu et place de la méritocratie. Ce qui nous a entraînés dans les marécages de la médiocrité et son cortège de délabrement des institutions.
    Même s’il survit au Coronna ce système qui a zombifié les Camerounais ne va pas tarder à connaître sa fin!

  2. Que notre gouvernement se remette en question et se met à jour face au contexte actuel. Ces dirigeants n’ont pas la culture de la démission. Même quand ils échouent à leur mission ils trouvent toujours un moyen de se maintenir pour leur propre intérêt, pendant ce temps c’est bas peuple qui subit

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